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Dimanche 15 septembre 2024.

Le style musical de Frank Martin, empreint d’un lyrisme intense, contraste nettement avec les tendances avant-gardistes de ses contemporains.  C’est en 1950 qu’il compose les cinq Chants d’Ariel tandis que John Cage crée son quatuor in Four Parts. Les musiciens de Contrechamps et de la Zürcher Sing-Akademie offrent une rencontre improbable entre des compositeurs que tout oppose, mais qui, paradoxalement, délivrent un même message de simplicité.  Tout au long de sa carrière, Frank Martin a mis en musique des textes d’inspirations variées, allant des sonnets de Ronsard aux poèmes de ses contemporains. C’est le personnage d’Ariel, le célèbre génie qui tourbillonne autour de Prospero dans La Tempête de Shakespeare, qui lui a inspiré sa seule œuvre en langue anglaise, composée en 1950. Le compositeur y déploie des trésors d’imagination pour évoquer les profondeurs inquiétantes et les créatures oniriques de l’océan. Il intégrera plus tard ces éléments – dans leur traduction allemande classique – dans son opéra Der Sturm (La Tempête). A l’époque où Frank Martin se passionne pour la pièce de Shakespeare, de véritables tempêtes agitent le monde de l’art, à Paris comme à New York. John Cage commence à écrire son quatuor in Four Parts dans le tumulte parisien, se plaignant de « ne pas trouver assez de temps pour être simple et tranquille » . Il en résultera une œuvre extrêmement contemplative, basée sur le la philosophie indienne des saisons, tellement importante pour lui qu’il écrira à son sujet : «  Cette pièce se présente comme l’ouverture d’une autre porte, et les possibilités implicites sont illimitées ». Peu de temps après, John Cage rencontrera Morton Feldman, Christian Wolff et d’autres artistes d’avant-garde avec qui il fondera l’École de New York. Ensemble, ils remettront en question la notion d’œuvre musicale, développeront des formes avant-gardistes où le hasard prendra une place prépondérante et inventeront de nouvelles notations musicales. Alors que le Quatuor in Four Parts est une des dernières œuvres de Cage à ne pas être entièrement aléatoire,  Projection I  pour violoncelle, composée la même année (1950) est la première œuvre indéterminée de Feldman.

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